LA FONDERIE D'ART
Le scénario de toutes ses phases.
Ou
"Comment faire une sculpture en bronze ?"


Bruce Krebs, sculpteur, explique les différentes étapes de la fonderie d'art à partir de l'une de ses pièces.

 
   
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L'original est posé à plat.
Ici, l'original est en plâtre. Mais il peut être fait dans tout autre matériaux.

L'enchaînement de ces phases est expliqué à partir d'une pièce existante de
Bruce Krebs, installée sur les remparts de La Rochelle. Ce bas relief s'intitule "De génération en génération".
L'élastomère silicone est versé sur le plâtre.
L'élastomère silicone prend parfaitement l'empreinte de la pièce.
Voulez-vous voir l'original en plâtre juste avant la coulée d'elastomère ?

Une chape de maintien.
Par-dessus l'élastomère silicone on crée une chape en plâtre ou en résine pour maintenir l'élastomère avec des repères bien fixes.
Sans cette chape le moule, trop souple, ne pourrait restituer exactement la copie de la pièce originale.
On retourne l'ensemble.
On ôte la pièce originale en plâtre de son moule.
C'est un moment délicat car l'original en plâtre peut se casser.

C'est assez drôle à observer car les personnages sont en creux...
La cire
Avant de verser la cire liquide dans l'empreinte en élastomère, on enduit au pinceau le fond du moule avec une cire à bonne température pour être sûr d'obtenir tous les détails du moule.
Puis On verse la cire liquide dans l'empreinte en élastomère. La cire, à température, pénètre dans le moule. Il faut vite récupérer le trop plein avant que la cire ne durcisse, afin de garder une épaisseur de cire constante.
Le réseau d'alimention.
On crée un réseau de tiges en cire. (il faut imaginer que la cire, une fois évaporée, deviendra le réseau qui conduira le bronze en fusion. Ce bronze liquide doit "inerver" toute la pièce sans oublier une partie pour permettre la bonne répartition du métal en fusion dans tous les parties de la pièce.)
Le plâtre réfractaire.
La cire et ses évents sont enrobées de plâtre réfractaire. Ce plâtre constitue le début du second moule.
Retrait du moule en élastomere.
On retourne l'ensemble, et on retire le moule en élastomère délicatement pour ne pas abîmer la cire. La cire découvre alors sa face principale.

Lors de cette action, il faut faire très attention à ne pas déchirer l'elasto. Ce moule resservira pour une prochaine commande...
Retouche du sculpteur.
Après cette suite d'opérations, le sculpteur redécouvre sa sculpture en cire. Lui seul peut savoir ce qui est de sa main et ce qui est un incident de parcours. A lui de le corriger.
La pose des évents.
Les évents sont des petites tiges de cire. Elles sont collées au-dessus des fronts des personnages, sur le milieu des livres. Elles sont reliées entre elles par de grandes tiges verticales. Ce réseau lors de la coulée du bronze en fusion, plus tard, permettra d'évacuer l'air.

Sur la photo, les tiges blanches ont une autre fonction: Elles serviront à maintenir l'épaisseur de la pièce. En effet, sous la pression du bronze en fusion , le bas-relief pourrait s'épaissir, le plâtre seul ne résisterait pas...

il y adonc deux réseaux distincts : le réseau de distribution du bronze et le réseau d'échappement de l'air.
Deuxième couche de plâtre réfractaire.
On enduit la face avant, elle aussi, de plâtre réfractaire.

L'ensemble est ensuite renforcée d'une armature solide, une sorte de "corset" pour éviter que la pièce n'éclate sous l'effet de la chaleur.

Sur la photo, on peut distinguer (en vert) la sortie du réseau d'alimentation "le chemin de coulée", et toutes les sorties des évents (en jaune clair). Cette cuve est ensuite remplie de plâtre réfractaire.
Le four.
L'ensemble est placé dans un four.
La cire perdue
Après un séjour dans le four à haute température qui dure une nuit entière, la cire fond. Mais contrairement à la bougie qui coule en fondant, celle-ci "s'évapore". En disparaissant, la cire laisse ainsi un vide d'air à l'intérieur du plâtre réfractaire. Le réseau de cire est devenu un réseau creux. "La cire est perdue !" C'est le nom que l'on donne à ce type de moule.
La coulée du bronze en fusion
Souvenez-vous, il y a deux réseaux distincts.
Le plus large distribue le bronze en fusion. Par ce canal nommé "chemin de coulée" le bonze est acheminé tout de suite dans le bas du moule. Une fois en bas, il remonte dans le moule en chassant l'air vers le haut. Le second reseau permet à l'air de s'échapper quand le bronze remonte dans la pièce. C'est à cet instant qu'on comprend mieux l'utilité du réseau de tiges de cire préparé précédemment...

Cet instant est dangereux. Si la moindre particule d'eau est présente dans le moule, la fusion "explose"... Le moule peut se casser sous la pression et le bronze se répandre...
Le bronze refroidit très rapidement.
Il faut donc être vif et précis au moment de cette opération car il ne faut pas que le bronze se solidifie avant d'avoir envahi toute les parties du moule...
Casser le moule en plâtre réfractaire.
Chaque fondeur a sa méthode. C'est seulement à cet instant que l'on découvre si la coulée du bronze est vraiment réussie. Si un problème est survenu, il faudra alors reprendre le moule en élastomère et y couler une nouvelle cire... (voir plus haut)
Une bonne douche s'il vous plait !
Sur la photo, les parties blanches ne sont pas des plaques de neige au printemps ! mais un reste du plâtre réfrataire. Il faut que tout disparaisse.

On découvre aussi tout le réseau des évents qui, lui aussi, est maintenant en bronze...
La ciselure
Il faut maintenant couper les évents au lapidaire, et ciseler le bronze, corriger, si besoin est, tous les petits défauts de cuisson.
Cet ouvrage est très long car il doit être très minutieux.
- Si une bulle est survenue pendant la coulée, elle devient une bulle dans le métal, il faut la boucher avec une soudure.

Voici un petit film de 1 minute 30 secondes "la ciselure" que j'ai réalisé à propos d'une autre sculpture intitulée : "La curiosité"
- Si il y avait une petite bulle dans l'elastomère, elle devient une excroissance qui faut supprimer...

- Si une micro-fissure s'est produite dans le plâtre réfractaire lors de la coulée, cette fissure peut créer une excroissance très fine qu'il faut supprimer, bien sûr.

Le sculpteur intervient pour vérifier que la ciselure est conforme à ce qu'il a créé. Il est le seul à le savoir.
Dernier geste du fondeur: la patine.
La patine est une accélération du vieillissement du bronze par l'apport de différents produits chimiques (surtout des nitrates) et de réchauffements violents au chalumeau.

Ou si vous voulez, c'est l'amorçage d'un vieillissement de la pièce, car quoique vous fassiez, une pièce n'en finit jamais de se patiner, c'est un processus naturel du métal que de vieillir.

C'est le sculpteur qui décide de la couleur et de sa densité. Le patineur tente de reproduire ces choix...
Aucune patine ne ressemble à une autre, même si elles sont faites le même jour par le même patineur...

Le patineur est lui aussi un artiste (ou pas). Aussi, le sculpteur doit mettre toute sa confiance dans le talent de son patineur.

Voici un petit film de 1 minute 30 secondes "la patine" que j'ai réalisé à propos d'une autre sculpture intitulée : "Les maîtres du monde".


 

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Bruce Krebs, sculpteur
9 ter rue Amelot, 17 000 La Rochelle,
Charente Maritime, Poitou-Charentes, France, Europe.
Pour m'envoyer un E-mail:atelier.bruce.krebs@wanadoo.fr